Un autre regard sur Marne la Vallée

Lorsque les médias, que ce soit la télévision, la radio ou la presse évoquent Marne la Vallée, et notamment le secteur IV, c'est en terme plus qu'élogieux, à l'instar de la pleine page que lui a consacré le quotidien gratuit "20 minutes" la semaine passée.

Dans un article publié dans Enjeux les Echos, le journaliste Michel Derenbourg décrit un tout autre portrait, titré "Marne la Vallée aux mains de Mickey".

Son article démarre sans ambages: "Aux Etats Unis, il y a longtemps que les responsables d'EuroDisney auraient mis la clef sous la porte. Avec 12 millions de visiteurs par an, le parc n'est pas rentable. Le dernier exercice bénéficiaire remonte à 2001, avec un résultat net de 38,7 millions d'euros."

Il rappele l'importante dette et les difficultés que le groupe Euro Disney a rencontré pour payer ses différentes échéances, parallèlement à l'investissement considérable de la région Ile de France et de l'Etat pour développer Marne la Vallée.

Ce que l'Etat a avancé:

• 418 millions prévu dans le contrat d'origine (prolongement du RER, échangeurs, bonifications d'emprunts)
  
• 244 millions pour abandon d'intérêts en 1994
  
• 148 millions prétés par la Caisse des Dépots la même année
  
• 381 millions prétés par la CDC en 1999
  
• 75 millions garantie de souscription accordée par la CDC en 2004
  
• 58 millions d'intérêts (reporté en 2004)
  
• 634 millions pour le projet de gare TGV
  

soit environ 2 milliards d'euros

Ce que l'Etat a reçu:

• 325 millions pour les collectivités locales (Taxe professionnelle, foncier, taxes de séjour)
  
• 395 millions (TIPP, TVA, etc)
  

soit environ 720 millions d'euros

Derrière ces comptes d'apothicaires, il convient d'ajouter les 36 000 emplois créés, 300 et 400 millions d'euros d'achats par an, et donc autant d'impôts, de TVA, etc. Même si comme le souligne Michel Derenbourg, de nombreux salariés "sont directement importé des pays de l'est", ou que les retombées sur le commerce local sont quasi nulles, les 12 millions de visiteurs consommant uniquement du Disney.

Pour les communes de Bailly Romainvillier, Chessy, Coupvray, Magny le Hongre et Serris, les revenus générés par la machine Euro Disney s'élèvent à 21,4 millions d'euros de taxe professionnelle, et de 4 millions d'euros de taxes de séjour, reversés au SAN.

Face à ces rentrées fiscales importantes, les villes du secteur IV de Marne la Vallée développent de nombreux projets, crèches, groupes scolaires, médiathèque. Pour 2004, les investissements s'élèvent à 61,5 millions d'euros auxquels s'ajoutent les coûts d'exploitation (4 millions pour la masse salariale, 6 millions d'euros pour l'entretien des espaces verts).

Tant qu'Euro Disney s'acquitte de ces différentes taxes, et que l'Etat continue d'investir sur la région, tout va bien. Néanmoins au regard de la situation difficile à laquelle est confronté Euro Disney, il convient d'être prudent et de mesurer en bon père de famille tout nouvel investissement. Un développement trop important pourrait s'avérer particulièrement coûteux aux habitants du secteur IV, s'ils devaient eux même payer la note.